Code moral
du Judo,
héritage du Bushido
Bushido, la voie du guerrier
Code
d'honneur et de comportement social pour celui qui pratique les armes.
Le concept est ancien et remonte à la tradition orale du XIIe siècle
de la Voie de l'arc et du cheval ( Kyuba-no-michi ), qui peut être considérée
comme la première formulation d'une éthique servant de référence
aux guerriers japonais et surtout à ceux qui en seront au cours des siècles
les représentant les plus purs: les samouraï.
Apparut au cours de la guerre de Gempai, ce code moral était fortement
imprégné par la religion Shintô. A partir de la période
Tokugawa ( 1603 ) d'autre influences, notamment le Confucianisme et le
Zen, modelèrent le concept de façon plus précise et celui-ci
intégra de plus en plus les disciplines martiales classiques du bu-jutsu
puis du Budo.
La notion de Bushido apparut pour la première fois par écrit dans
le Budo Shoshin-Shu de Daidoji Yuzan, daté du VIIIe siècle, mais
surtout dans le Buke Sho-Hatto, code rédigé sur ordre du Shogun
Tokugawa Ieyasu ( 1542-1616 ) pour que soient officiellement définies
les règles de vie d'un guerrier, et dans l'oeuvre du lettré confucianiste
Yama Soko ( 1622-1685 ). D'autre textes vinrent compléter et éclairer
ces règles : ainsi le Koyo Gukan , et surtout le Hagakure de Yamamoto
Tsunetomo, autour de 1716. Le Bushido fut, enfin, largement popularisé
par l'oeuvre de même nom publiée en 1905 par Nitobe Inazo ( 1862-1933
) et dont les traductions finirent par être connues dans les milieux d'arts
martiaux du monde entier.
Le Bushido, dans sa monture finale la plus élaborée au XVIIIe
siècle, finit par concerner toute une manière, idéale et
exemplaire, de vivre, et aussi de mourir (Seishi-o Choetsu) pour la fine fleur
de la chevalerie. Il est toute une manière d'être, basée
sur la notion de fidélité absolue à une ligne de conduite,
allant jusqu'au sacrifice de soi-même, impliquant une parfaite maîtrise
de soi à tout instant, un contrôle de ses passion et écarts,
afin de pouvoir prétendre vivre en harmonie
( wa ) avec l'univers. Le code du Bushido demandait loyauté, courage,
sincérité, contrôle, honnêteté, sens de la
justice, sympathie envers le peuple, respect de l'étiquette, soit un
ensemble de qualités qui pouvait se résumé en devoir (
Giri ), détermination ( Shiki ), générosité ( Ansha
), immuabilité de l'esprit ( Fudo ), magnanimité ( Doryo ) et
humanité ( Ninyo ). Ces traits de caractère sont le propre du
Samouraï idéal. Même rarement toutes incarnées dans
le même homme, ces qualités ainsi en avant dans le Bushido furent
la ligne de référence d'une caste guerrière posée
comme l'élite sociale de l'époque. Ainsi, le Bushido, code de
comportement et idéale de vie, était une manière de civiliser
un milieu qui fut pendant les premiers siècles de l'histoire du Japon
extrêmement rude et frustre.
L'example le plus pur de comportement guerrier suivant le code du Bushido est
resté dans l'histoire comme étant celui de la vengeance des 47
Ronin d'Ako qui fut également leur arrêt de mort librement accepté
par sens de l'honneur et du devoir. Ce comportement fut salué par tous
comme un sommet des vertus des Samouraï.
Code d'honneur et de morale traditionnelle
du collège national des ceintures noires
Celui qui a peiné
et persévéré dans l'étude du Judo pour mériter
sa ceinture noire se distingue des autres étudiants. Il est désormais
qualifié pour étudier la subtilité des techniques et méditer
le sens profond du Judo. La ceinture noire ne lui confère pas seulement
la dignité, mais d'importantes responsabilités.
Le Judo est jugé par tous, non seulement sur la valeur technique, mais
d'abord sur sa valeur morale et son comportement dans le Dojo. De ce fait, chaque
ceinture noire est un ambassadeur du Judo qu'il représente même
à son insu. Il doit donc donner l'image véritable du Judo. Car
se conduire dans le Dojo ou en dehors de façon contraire au règles
traditionnelles d'honneur et de morale des arts martiaux serait préjudiciable
au Judo tout entier. Le code d'honneur et de morale
traditionnelle des arts martiaux au Japon est, comme on l'a vu plus haut,
le Bushido. L'influence est si forte qu'elle s'est imposée au peuple
tout entier.
Le Judo, est comme tous les arts martiaux d'origine japonaise, imprégnée
du Bushido et, est inconcevable sans lui. C'est pourquoi chaque ceinture noire,
engagé dans la voie du Judo, l'est aussi dans celle du Bushido. Il doit
donc étudier, pratiquer et vivre le Bushido en même temps que le
Judo, car ils sont inséparables.
En Europe, les chevaliers du Moyen Age, avaient les mêmes codes d'honneur
que les Samouraï japonais. Ce qu'il y a de plus humain dans nos civilisations
est une survivance des principes chevaleresques. Les titres de gentleman ou
de gentilhomme sont encore de nos jours, donné à ceux qui vivent
selon les règles non écrites de l'antique chevalerie.
Le Bushido des Samouraï est toujours vivant et actuel au Japon. Sa vitalité
éveille en nous l'écho profond de notre ancienne culture chevaleresque.
La pratique du Bushido ne nous est donc pas étrangère. Résumé
et traduit en deux mots, le Bushido est la "Noblesse d'âme"
mais "Noblesse oblige", vieille maxime française, signifie
que chaque ceinture noire doit se discipliner, pour qu'en dépit des impulsions
et passions, cette noblesse d'âme guide son comportement dans le Dojo,
dans les combats et dans la vie.
La politesse
Si la politesse n'est que conventionnelle, elle n'a qu'une valeur limitée et superficielle. Mais pour le Samourai, le chevalier, elle est d'abord l'expression de sentiment profond, d'égard pour les autres, de modestie pour soi. Elle traduit la tendresse humaine, son désintéressement, son respect pour la valeur ou la faiblesse d'autrui. La codification des gestes du cérémonial de la politesse constitue l'étiquette qui cadre la vie. Cette étiquette enseignée dès le plus jeune âge, permet de discipliner et rend possible les rapports sociaux. Dans les Dojo où cette étiquette est indispensable, elle a la même utilité.
Le courage
Esprit d'audace
et d'endurance. Confucius définit ainsi le courage:"Sachant ce qui
est juste, ne pas le faire démontre l'absence de courage. Donc, le courage
est de faire ce qui est juste".
Courir toutes sortes d'aventures désordonnées, s'exposer sans
raisons justes, n'est pas de la bravoure."C'est le propre du vrai courage
de vivre quand il faut vivre, et de mourir seulement quand il faut mourir",
disait un Maître de sabre.
Un homme vraiment brave garde toujours sa sérénité et sa
lucidité. Dans les catastrophes, les dangers, les souffrances, la mort,
il garde la maîtrise de soi.
La sincérité
Confucius affirmait
:"La sincérité est la fin et le commencement de toutes choses,
sans la sincérité, rien n'existerait." L'idéogramme
qui signifie sincérité est une combinaison de "Parole"
et de "Perfection". Le Bushido tient le mensonge ou l'équivoque
pour une égale lâcheté.
L'honneur
Fidèle
à la parole donnée. Ayant, par avance, donné sa vie, le
Samourai, le chevalier, n'existe plus que par sa valeur, la noblesse de son
esprit, la dignité de son état. Le terme honneur exprime cette
existence spirituelle.
Toute atteinte à l'intégrité de cet état, donne
un sentiment de honte, surtout si elle est due à un écart de conduite.
Le sens du déshonneur est ainsi un stimulant pour corriger sa conduite.
Au Japon, les enfants sont élevés avec un sentiment aigu de l'honneur,
leurs parents manifestent eux mêmes un attachement plus grand à
l'honneur qu'à la vie.
La modestie
Comme toute les
autres bases du Bushido, la modestie a ses véritables racines dans la
sincérité et la vérité. Une modestie, qui n'est
qu'une forme extérieure de la politesse, ou une habileté pour
se concilier l'opinion, n'est pas la véritable modestie. Une fausse modestie
peut être une des formes les plus dangereuse de la vanité ou de
la peur.
L'homme vraiment modeste ne désire pas s'abaisser, mais simplement s'apprécier,
selon la vérité et la justesse, avec sincérité et
honnêteté. La vanité aime plastronner, même si elle
proclame une valeur irréelle ou médiocre. Celui qui dit :"
je suis modeste", cesse de l'être à cet instant précis.
Le culte de la modestie consiste donc, à être conscient de l'immodestie
et de la propension à affirmer, à soi-même et aux autres,
des valeurs inexistantes ou embryonnaires. Enfin, il est important de savoir
apprécier, respecter et aimer les autres et les prendre pour référence.
Il convient d'être particulièrement attentif à la stature
du Maître qui accepte de nous enseigner le Judo. L'admiration, la gratitude,
la confiance engendre la véritable humilité.
Le
respect
Sans modestie aucun respect n'est possible, sans respect aucune confiance ne peut naître. Sans confiance aucun enseignement ne peut être donné, ni reçu.
Le contrôle de soi
Pour un Samouraï,
laisser paraître ses émotions sur le visage ou dans ses gestes est
un manque de virilité. Un homme doit contrôler et dominer ses affections
les plus naturelles. Le calme, le comportement, l'égalité de l'esprit
et du coeur, ne doivent être troublés et dominés par aucune
passion. Les plus grands drames sont vécus dans le silence. Nul ne voudrait
attrister son prochain avec ses propres peines. Quand un homme ou une femme
sentent leur esprit ou leur coeur agité et troublé, le premier
et instinctif mouvement de pudeur est de pas le manifester. Un jeune Maître
disait: "Sens-tu le tréfonds de ton âme remué par de
tendres pensées? C'est le moment où la semence germe. Ne le dérange
pas en parlant, mais laisse l'oeuvre s'accomplir tranquillement dans le calme
et le secret".
Celui qui exprime avec abondance de paroles ses sentiments ne sont ni profonds
ni sincères.
Chez le Samouraï, le rire établit l'équilibre rompu, il est
le contrepoids à la douleur ou à la colère. La répression
des sentiments et des passions ainsi fermement exigée et maintenue, accumule
une grande quantité d'énergie. Cette puissante énergie
trouve son expression dans l'action, mais une issue de sûreté est
donnée par la sensibilité esthétique et l'expression poétique.
La perfection de la maîtrise réside dans l'équilibre entre
la contention des passions égoïstes et la libération des
nobles élans de la nature humaine, purgée de ses étroitesses.
L'amitié
L'amitié
est peut être le plus pur des sentiments humains. Vierge de passion, elle
est sans doute une des formes les plus altruistes de l'amour. Fondée
sur la compréhension, l'estime et la confiance mutuelle, elle permet
les échanges humains les plus élevés.
Pour que cette amitié soit authentique, l'homme doit vivre selon les
principes du Bushido.
Le Bushido est
le code d'honneur et traditionnelle des pratiquant d'arts martiaux. Il est donc
celui des Judoka.
Judo sans Bushido n'est qu'une apparence et ne peut faire illusion longtemps.
Le respect rigoureux du Bushido et de son étiquette, facilite les progrès
en Judo.